Contrairement à une idée reçue, certaines essences relâchent davantage de dioxyde de carbone après le coucher du soleil. Ce phénomène, loin d’être marginal, concerne des espèces courantes, souvent sélectionnées pour l’ornement ou la reforestation. L’intensité de cette émission varie selon le métabolisme et le cycle biologique de l’arbre. La sélection d’un spécimen adapté nécessite la prise en compte de ces particularités physiologiques.
Plan de l'article
Arbres et dioxyde de carbone : démêler le vrai du faux sur leurs émissions nocturnes
Quand la lumière se retire, la photosynthèse s’arrête net : l’arbre ne capte plus le CO2 pour le transformer en oxygène. À sa place, la respiration prend la main, libérant du dioxyde de carbone dans l’air. Ce basculement intrigue et divise les experts du végétal.
Un arbre adulte capte chaque année entre 22 et 30 kg de CO2, et sur l’ensemble de sa vie, il peut en stocker jusqu’à 800 kg. Malgré le relâchement nocturne, la balance penche largement en faveur de l’absorption. À l’échelle d’une forêt, cela représente jusqu’à 30% des émissions annuelles mondiales de CO2 absorbées. Et ce n’est pas tout : chaque année, un arbre filtre jusqu’à 1,5 kg de particules fines, offrant un air plus respirable.
Le CO2, au cœur des préoccupations climatiques, pèse à lui seul pour 75% des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Face à cette réalité, l’arbre s’impose comme un allié de poids : il stocke du carbone, épure l’air, abrite la vie, tempère la chaleur urbaine.
Des espèces comme le paulownia ou le bambou affichent des performances remarquables : leur capacité à capter le CO2 dépasse de loin la moyenne. Miser sur ces arbres, tout en adaptant leur gestion, contribue à améliorer l’air et à freiner la pollution. Pour choisir, appuyez-vous sur le potentiel d’absorption du carbone et sur l’influence de chaque espèce sur l’environnement immédiat.
Pourquoi certains arbres relâchent-ils du CO2 la nuit ?
Le principe est limpide. Sous le soleil, la photosynthèse domine : l’arbre absorbe le dioxyde de carbone, relâche de l’oxygène et stocke du carbone dans ses tissus. Mais dès la tombée du jour, ce mécanisme s’arrête. Sans lumière, il n’y a plus de transformation du CO2, et la respiration cellulaire prend le relais, libérant alors une petite quantité de CO2. Ce phénomène, naturel et universel, accompagne la vie végétale.
La nuit, l’arbre ne s’arrête pas. Il utilise les réserves de glucose accumulées pendant la journée pour poursuivre sa croissance, réparer ses cellules et gérer l’eau dans ses tissus. Ce métabolisme s’accompagne d’une émission modérée de CO2. Sur l’ensemble d’une forêt, l’avantage reste du côté de l’absorption diurne, bien supérieure aux rejets nocturnes. Le cycle du carbone tourne rond grâce à ce subtil équilibre.
| Processus | Jour | Nuit |
|---|---|---|
| Photosynthèse | Active | Inhibée |
| Respiration | Active | Active |
| Émission de CO2 | Faible | Présente |
Ce fonctionnement touche toutes les espèces. Même si chaque arbre rejette un peu de CO2 la nuit, l’impact reste minime comparé à l’énorme capacité d’absorption pendant le jour. Cette mécanique, discrète mais constante, relie le monde végétal à la régulation du climat et au maintien d’un air sain.
Les espèces à privilégier pour limiter l’émission nocturne de CO2
Certains arbres affichent des performances supérieures pour limiter leurs émissions nocturnes de CO2 et maximiser l’absorption globale. Le paulownia tomentosa s’impose : il stocke jusqu’à dix fois plus de dioxyde de carbone qu’un arbre classique, et son feuillage généreux accélère la production d’oxygène. Sa croissance rapide le rend précieux pour tous ceux qui veulent agir vite.
Impossible d’ignorer le bambou : sur un hectare, il capte jusqu’à 60 tonnes de CO2 par an, rivalisant avec les meilleures essences. Sa capacité à restaurer les sols et à limiter l’érosion, grâce à ses racines puissantes, s’ajoute à ses vertus climatiques.
Voici une sélection d’espèces particulièrement efficaces :
- Iroko : il fixe le CO2 et le transforme en calcaire dans le sol, assurant ainsi une séquestration durable.
- Chêne et séquoia : leur longévité leur permet de stocker du carbone pendant des siècles, un avantage indéniable pour stabiliser le climat.
- Lierre : au-delà de son rôle d’isolant, il capture des particules fines et des métaux lourds, offrant une bouffée d’air pur même en milieu urbain.
Pour les espaces urbains, orientez-vous vers le bouleau ou l’érable, adaptés à la pollution et à la croissance rapide. Miser sur la diversité des espèces, c’est accroître la séquestration du carbone et améliorer la qualité de l’air, une réponse solide face à l’intensification des gaz à effet de serre.
Faire le bon choix pour son jardin : conseils pratiques selon votre environnement
Avant de planter, prenez le temps d’évaluer l’exposition, la nature du sol et l’espace disponible. En zone urbaine, les arbres à croissance rapide et résistants à la pollution, comme le bouleau ou l’érable, s’intègrent facilement. Ils filtrent jusqu’à 1,5 kg de particules fines par an et supportent bien les contraintes des villes. Pour un grand terrain, choisir un chêne ou un hêtre permet de stocker sur le long terme jusqu’à 800 kg de CO2.
En climat sec, le cèdre s’impose par sa robustesse et sa canopée protectrice. Pour une croissance rapide et une absorption record, tournez-vous vers le paulownia tomentosa. Au bord de la mer ou sur sol acide, le pin maritime ou l’aulne tirent leur épingle du jeu tout en soutenant la biodiversité.
Pour optimiser votre choix, voici quelques recommandations à envisager :
- Utilisez des outils tels que Sésame (Cerema) pour identifier les essences adaptées à vos contraintes locales et renforcer les services écosystémiques.
- Participez à des initiatives collectives : « 1 milliard d’arbres » en France, « Breizh forêt bois » en Bretagne ou « Million Trees » en Nouvelle-Zélande œuvrent pour la restauration des écosystèmes.
- Associez différentes espèces afin d’augmenter la résilience de votre jardin, tout en soutenant la faune et en atténuant les effets du réchauffement climatique.
À chaque arbre planté, la nature reprend du terrain : l’air s’améliore, la biodiversité s’étoffe, et la ville respire un peu plus. Un acte simple, mais lourd de sens pour demain.


